L’intelligence artificielle (IA) : un concept flou, des promesses incertaines.
L’IA est partout dans les discours, mais que signifie-t-elle réellement ? Pour quels métiers ? Quelle organisation du travail ? Et surtout, quelle finalité ? Avant de céder à la mode du tout-IA, il faut répondre à une question essentielle : quel problème précis l’IA est-elle censée résoudre ?
L’IA : Sauveuse de compétitivité et d’emploi ? Vraiment ?
L’argument souvent avancé est que l’IA boostera la productivité, sauvera des emplois et la compétitivité. Mais sur quoi se base-t-on ? Quelle application concrète ? Quelles données ou expériences valident cette hypothèse ? On se heurte à de la pensée magique, du solutionnisme : l’idée que la technologie, seule, suffira à tout résoudre.
Ne réduisons pas l’IA à la génération automatique de contenu.
Aujourd’hui, beaucoup confondent l’IA avec l’IA générative (texte, images), alors qu’elle ne représente que 15% des usages réels de l’IA. Le déploiement de briques d’IA dans les systèmes d’information doit avant tout répondre à des besoins réels des métiers et des organisations du travail, en concertation avec toutes les parties prenantes : direction, RH, salariés et leurs représentants.
L’IA, un argument d’autorité ?
Penser que ceux qui remettent en question l’IA sont forcément contre le progrès est une vision simpliste. L’automatisation des tâches répétitives est une des promesses de l’IA, mais elle risque avant tout d’automatiser des tâches complexes, effectuées par des salariés qualifiés. Si l’organisation du travail est défaillante, l’IA ne pourra pas la sauver. Pire, elle risque d’aggraver les difficultés et la surcharge de travail.
Une équipe « agile » pour déployer l’IA ? Soyons sérieux.
La création d’équipes “agiles” spécialisées en IA est souvent mise en avant comme solution. Mais qu’entend-on par “agile” ? Ces équipes sont-elles réellement formées à l’organisation du travail, à la coordination des métiers, à l’impact de l’IA sur les conditions de travail ? La réponse est souvent non. Une approche pluridisciplinaire est essentielle pour éviter de se limiter à une vision technocratique ou uniquement centrée sur les gains de productivité pour les actionnaires.
Quels bénéfices pour les salariés ? À quel prix ?
Les promesses de création d’un “environnement stimulant”, de “réduction du stress” et d’“amélioration de la qualité de vie au travail” sont souvent floues. Sans une réflexion sur l’organisation du travail et une intégration de l’IA respectueuse des conditions de travail, cette technologie risque de devenir un gadget inutile, voire contreproductif. Si l’IA se transforme en un outil de management algorithmique qui renforce les exigences tout en réduisant l’autonomie et la reconnaissance, la qualité de vie au travail en souffrira.
L’IA et la responsabilité sociale des entreprises (RSE)
Enfin, déployer des technologies sans réfléchir à leur impact environnemental est un non-sens. Pour une entreprise soucieuse de sa responsabilité sociale, il est indispensable de prendre en compte l’impact écologique de l’IA.
Conclusion : Une approche pluridisciplinaire pour une IA responsable
L’IA ne doit pas être déployée aveuglément. Une véritable concertation, impliquant salariés, syndicats, RH, et direction, est nécessaire pour s’assurer que l’IA réponde à des besoins réels, améliore les conditions de travail et n’aggrave pas les dysfonctionnements existants. Il est temps d’abandonner la pensée magique et de construire ensemble une IA qui serve les salariés, et pas seulement la rentabilité de l’entreprise.
L’Ugict CGT demande aujourd’hui à la Direction que les Organisations Syndicales soient associées à la mise en place de l’IA, à l’accompagnement et à l’estimation des impacts (organisation et conditions de travail, formation, etc.).
Le Tract : 241217 – Tract IA RevA